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DES LEGENDES :
Legendes Legendes
Page 1 :
- Antxo et les vachers.
- Les laminak a Behorlegui-Mendi.
- Les laminak du Mondarrain.
- Le tartare et les trois enfants.
- Laustaneko jauregia ~ Le chateau de Laustenia.
Page 2 :
- Hamalau.
- Le Lamina et la vieille.
- Le caillou et la bouse de vache.
Poésie :
- La maison de mon père ~ Nire aitaren etxea.

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ANTXO ET LES VACHERS :

   Autrefois, il y avait à Esterençuby, sur la frontière espagnole, quatre vachers, l'un d'entre eux était un jeune garçon. Lorsqu'ils étaient endormis, dans leur cabane venait se chauffer Antxo, le Basa Jauna (Seigneur Sauvage). Et quand il s'était chauffé, il mangeait de leur nourriture. Les bergers recevaient un pain et d'autre mets, et en laissaient un morceau tous les soirs, la part d'Antxo.
   Une nuit, voyant que la part d'Antxo n'avait pas été faite, le petit garçon dit :
   - Où avez-vous la part d'Antxo ?
   - Donne-lui la tienne si tu veus, lui répondirent les autres.
   Le garçon laissa sa part sur la planche habituelle. Le Basa Jauna arriva comme à l'ordinaire. Après s'être chauffé, il mangea la part du petit garçon. Bien réchauffé et repu, il partit, emportant les vêtements des vachers, sauf ceux du petit garçon.
   Cette nuit là il neigea très fort. Le lendemain matin, les vachers ne trouvant pas leur vêtements, dirent au garçon :
   - Vas chercher nos vêtements.
   - Moi ? Non.
   - Vas, nous t'en prions.
   - Quelle récompense me donnerez-vous ?
   Ils avaient une mauvaisa génisse et la lui promirent.
   Le garçon part, et en arrivant à la caverne où était le Basa Jauna, il cria :
   - Antxo, donnez-moi les vètements de mes camarades.
   - Tu ne les aura pas.
   - Je vous en prie, donnez-les moi ; ils m'ont envoyé les chercher.
   - Que te donne-t-on pour la peine ?
   - Une mauvaise génisse.
   - Prends-les donc, et prends aussi cette baguette de coudrier. Marque ta génisse et donne lui cent et un coups, le cent et unième plus fort que les autres.
   Le garçon fit ce qu'avait dit Antxo. Il donna à sa génisse cent et un coups, et après un court instant, la génisse lui produisit un troupeau de cent et une belles bêtes.
   A cette époque, les Basa Jauna conversaient avec les chrétiens.

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LES LAMINAK A BEHORLEGUI-MENDI :

   A Behorlegui-Mendi, autrefois, il y avait partout des trous de Laminak.
   Un jour, un berger aperçut une Dame Sauvage qui, dans un de ces trous, ce peignait avec un peigne d'or. Et il n'en fut pas peu effrayé !
   Mais la Dame Sauvage lui dit de n'avoir point peur. Bien plus, s'il la prenait sur le dos et de son trou la transportait à Apanize, elle lui donnerait de l'argent, à plaisir.
   Le berger y consentit : il la transporterait de bon cœur.
   Il la prit donc sur le dos. Mais il n'était pas encore sorti de l'antre, que quantité de bêtes surgissaient devant lui. Terrifié, il jeta aussitôt la Dame Sauvage à terre et s'enfuit au plus vite.
   La Dame Sauvage, alors, poussa un crie effrayant. Et, dans un hurlement, elle dit :
   - Malédiction ! Pendant mille ans, maintenant, il me faut demeurer dans ce trou !
   Et depuis, elle est là en effet, dans le prépice. Et jamais un berger ne s'aventure dans ces parages !


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LES LAMINAK DU MONDARRAIN :

   Autrefois, il y avait, dit-on, des Laminak au plus haut de la montagne du Mondarrain. Tous les matins (mais avant que parût le soleil) la Dame Sauvage allait sur la crête de la montagne, pour se peigner avec un peigne en or. Et cela, tous les bergers des alentours pouvaient le voir.
   Une fois, avant le jour, un berger lui dérobe son peigne d'or et prend la fuite.
   La Dame Sauvage ne s'en est pas aussitôt aperçue qu'elle se met à le poursuivre. Elle l'a d&eaute;jà presque rattrapé, quand viennent à paraître les premiers rayons de soleil.
   Et aussitôt, bon gré, mal gré, la Dame Sauvage dut rentrer dans son antre, et le berger demeura en possession du peigne.


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LE TARTARE ET LES TROIS ENFANTS :

   Trois jeunes enfants étaient restés orphelins de père et de mère. Comme ils étaient sans ressource, n'ayant pas même un morceau de pain à mettre sous la dent, ils suivirent le conseil de leur cadet et se mirent en route pour chercher fortune. De forêt en forêt, ils arrivèrent au soir sans rencontrer une maison où souper. Le cadet grimpe sur un arbre et découvre au loin un beau château. Il y conduit ses frères que réjouit l'espoir d'un bon repas. Ils frappent et demandent la charité du vivre et du couvert pour la nuit.
   Le maître était absent. La servante les fait entrer et leur sert un souper copieux dont ils ne laissent miette. Puis, elle les fait coucher dans une barrique sans fond.
   - Garder vous, leur dit-elle, de ne faire aucun bruit, de ne prononcer un mot; car bientôt rentrera le Tartare, mon maître, et s'il découvre qu'il y a chez lui quelque chrétien, il vous mangera sans miséricorde.
   Les trois orphelins, saisis de terreur, se tiennent cois, osant à peine respirer.
   - Il y a, dit-il en grondant, quelque chrétien ici.
   - Vous vous trompez, Monsieur, il n'y en a point.
   - S'il n'y en a eu du moins ; j'en sens l'odeur. Dis-moi la vérité ou je t'extermine.
   La servante épouvantée n'osa pas nier davantage.
   A dire vrai, Monsieur, il est venu ici, pendant votre absence, quelques chrétiens. Mais ils sont tout petits et sont arrivés à moitié morts de froid et de faim. Je les ai fait réchauffer auprès du feu et leur ai donné à manger. Ils sont là, dans cette barrique, déjà endormis.
   - Sortez de là dit le Tartare d'une voix rude, en retirant la couverture placée sur la barrique.
   Les enfants quittent leur couche et se présentent tout tremblants.
   - Donne-leur encore à manger et à boire, dit le Tartare à la servante, et conduis-les dans la chambre où est le lit.    La servante obéit et redescend ensuite dans la cuisine. Le Tartare avait mis sur le feu une grande marmite pleine d'eau et aiguisait son couteau. Il lui dit :
   - Surveille ces enfants, et quand ils dormiront, viens m'avertir.
   La servante monte dans la chambre et trouve les enfants éveillés.
   - Pauvres petits, leur dit-elle à voix basse, prenez bien garde à vous ; tout à l'heure mon méchant maître montera pour vous tuer.
   Elle redescend ensuite à la cuisine et annonce au Tartare que les enfants ne sont pas encore endormis.
   Cependant les trois frères tiennent conseil. Comment fuire ? Par la fenêtre sans doute. Mais elle est bien haute et ils n'ont pas de corde. Le cadet dit que le drap du lit, bien attaché, peut remplacer la corde, pourvu qu'ils descendent un à un. Ils s'échappent ainsi et s'éloignent à toutes jambes. La servante vient à la porte. Elle écoute ; elle regarde par le trou de la serrure et ne voit ni n'entend rien.
   Le Tartare averti monte l'escalier, entre dans la chambre et crible de coups de couteau le lit, autant qu'il en peut. Dés le matin il songe à préparer son ragoût et trouve le lit vide.
   - Où as-tu mis ces trois agneaux ?
   - Je n'y ai point touché et ne suis pas revenue à la chambre depuis hier soir.
   - Ils sont partis ; mais je les rattraperai bien. Donne-moi mes bottes sans tarder.
   Or quand le Tartare avait chaussé ses bottes, il faisait cent lieus d'une seule enjambée. Vous pensez qu'il ne lui fallut pas longtemps pour rattraper les enfants. Ils le virent venir de loin et se cachèrent derrière un buisson. Le Tartare cependant choisit un bon endroit pour s'étendre et ne tarda pas à s'endormir.
   Les enfants connaissaient bien la vertu des bottes de cent lieues et résolurent de s'en emparer, comme de leur unique moyen de salut. Ils s'approchent donc sans bruit du dormeur et tout doucement lui retirent ses bottes. Aussitôt, ils reprennent le chemin du château :
   - Tenez, disent-ils à la servante, nous venons de la part de Monsieur vous demander de nous donner l'argent qui est dans l'armoire. C'est pour nous payer d'avoir retrouvé ses bottes que nous vous rapportons.
   La servante, persuadée par la vue des bottes, leur remit l'argent de l'armoire, avec quoi les trois enfants retournèrent dans leur maison, riches désormais.
   Quant au Tartare, privé de ses bottes, il eut beaucoup de peine à rentrer à la maison. Et vous pensez bien quelle fut sa colère et sa honte quand il apprit qu'il avait été dupé par des enfants.


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LAUSTANEKO JAUREGIA :

   Oria duela aspaldi, aspaldi, Laustaneko Jaunak, bere jauregia txarregi kausiturik, jauregi berri bat egin zezoten galdatu omen zioten Lamineri.
   Laminek baietz : gogotik eginen zutela, eta gau-erdiz geroztikako lehen oilar-kantua gabe oraino, baldin eta Jaunak bere arima emaiten bazioten saritzat. Eta Laustaneko Jauna baietz hitzeman zioten.
   Laminek gau hartan berean hasi zuten beren lana eta Arradoiko harri eder gorri batzu pullikixko lantarik, harri hek batek bertzeari, bixi bixia emaiten zituzten, ahapetik elgarri erranez :
   - To, Guillen !
   - Harzak, Guillen !
   - Emak, Guillen !
   Eta lana bazoan, bazoan karraskan.
   Laustaneko Jauna oilategiko zurubi kaskotik Lamineri beha zagon, halako puska ilun zerbait eskuan.
   Hor, Laminek eskuetan hartu zuten azken harria :
   - To, Guillen !
   - Harzak, Guillen !
   - Azkena duk, Guillen !
   Ordu-berean, Laustaneko Jaunak ixtupa mustuka bati su emanik, argi handi bat eraiki zen bet-betean, oilategiaren aintzinean, eta oilar guzte bat, iziturik, ustez eta iguskin aintzindu zitzaion egun hartan, kukurukuka eta hegalez zaflako eman zen.
   Azken Laminak, jadanik eskuetan zuen azken harria firrindilaka ourtiki zuen ur-handiko osinera, marraska samin batean : « Madarikatu oilarra ! » eta, bere lagunekin suntsitu zen bera osinean.
   Harri hurra nehork egundaino ezin atera du osinetik ; han da beti ur zola zolan. Laminek aztaparrez daukatela, eta Laustaneko jauregiak harri bat eskas du betiko demboretan.
LE CHATEAU DE LAUSTENIA :

   Il y a maitenant bien longtemps, le seigneur de Laustania, trouvant trop pauvre son château, demanda, dit-on, aux Laminak qu'ils lui en fissent un nouveau.
   Les Laminak le voulurent bien. Volontiers ils feraient le château ; et même, ils le feront avant le premier chant du coq postérieur au coup de minuit. Une condition : en guise de salaire, le seigneur leur donnerait son âme. Et le seigneur de Laustania en fit la promesse.
   Dans la nuit même, les Laminak commençèrent leur besogne. Ils taillèrent parfaitement de belles pierres rouges d'Arradoy. Et puis, ils se les passaient vivement de l'un à l'autre, en se disant à voix basse :
   - Tiens, Guillen !
   - Prends, Guillen !
   - Donne, Guillen !
   Et le travail avançait, avançait furieusement. Du haut de l'escalier du poulailler, le seigneur de Laustania regardait les Laminak. Dans une main il tenait un certain paquet gris.
   Et voici que les Laminak empoignèrent la dernière pierre :
   - Tiens, Guillen !
   - Prends, Guillen !
   - C'est la dernière Guillen !
   Dans le même instant, le seigneur de Laustania mettait feu à un gros morceau d'é ; une grande lueur s'éleva devant le poulailler. Un jeune coq s'effraya, craignant que le soleil ne l'eût devancé ce jour là : il chanta kukuruku et se mit à battre des ailes.
   Avec un hurlement aigu, le dernier Laminak dans le gouffre de la rivière jeta la dernère pierre que déjà il tenait dans ses mains : « Maudit coq ! » Et il s'abimâma lui-même dans le gouffre avec ses compagnons.
   Cette pierre, jamais personne n'a pu la retirer du gouffre. Elle est toujours là, au fond de l'eau : les Laminak la retiennent avec leur griffes. Et, depuis toujours, il manque une pierre au château de Laustania.


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